Concurrence déloyale, risques environnementaux et prix faramineux, la nouvelle route réunionnaise est loin de ravir tout le monde. On vous explique pourquoi.
"Nous sommes obligés de fermer des voies trente à quarante jours par an, ce qui provoque de gros problèmes de circulation" D'après Didier Robert, le président de la région Réunion, qui a commandité l’ouvrage, c'est "Une nécessité absolue". Se rendre à Saint-Denis aux heures de pointes et un véritable enfer pour les automobilistes réunionnais. Pour cette raison, la région a décidé d'investir dans cette route immense et très onéreuse. Le projet est colossale : 12 km d'une route de deux fois trois voies sur pilotis entre Saint-Denis et la grande chaloupe, le tout pour 1,66 milliards d'euros, soit 1 millions d'euros le mètre ! Un record en terme de prix, mais aussi une prouesse technique incomparable, puisque cette route est conçue pour supporter des cyclones à 150 kilomètres-heure et des vagues de 10 mètres.
Certains s'enthousiasment à l'idée de cette construction : "La nouvelle route du littoral fera enfin entrer La Réunion dans le XXIe siècle !" déclare l'économiste réunionnais Philippe Jean-Pierre, mais d'autres grincent des dents ! Pierre Berger, le patron d’Eiffage, se sent quant à lui comme un laissé-pour-compte dans cette affaire juteuse pour les grandes entreprises du BTP. On ne lui cède qu'un petit viaduc à 37 millions d’euros, alors que l'essentiel de la construction est confiée à Bouygues et Vinci : 1,2 milliards, soit 75% de part de marché, un duopole qui l'exaspère : "Je n’avais jamais vu ça en vingt ans !". Considérant la décision du conseil régional comme une injustice, il a d'ailleurs décidé de porter plainte pour concurrence déloyale.
Mais il n'est pas le seul à crier au scandale. Cinq autres procédures courent contre la NRL : Ecologistes, association d’utilisateurs de transports et même un collectif d’ingénieurs... Car cette route en pleine mer pose d'une part des questions écologiques, mais parce qu'en plus elle coûte trop cher ! 1,66 d'euros, sans compter le dépassement de budget évalué à 600 millions. Selon l'architecte François Payet "Il y a l’indice des prix du BTP, de l’ordre de 2% par an."
Sachant que la route des Tamarins avait connu un dépassement de budget de 350 millions, certains on dû mal à faire confiance à Didier Robert qui assure :"Je serai intraitable avec les entreprises !".
Si l'Etat et l'Europe participent aux frais généraux, en cas de dépassement, c'est à la région qui a déjà contracté un crédit de 27 millions d'euros par an pour 45 ans de rembourser ! La note s'annonce salée ! En cas d'imprévus les réunionnais risquent d'être contents...